La tentative Blogger 76

"Aujourd'hui le monde est mort. Ou peut-être hier je ne sais pas" était le titre d'une exposition brillante, au Palais de Tokyo, à Paris, en 2014, d'Hiroshi Sugimoto. Le titre de l'exposition était lui-même une référence à la première phrase de 'L'étranger' de Marcel Camus : "Aujourd'hui maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas". Aujourd'hui Albert Uderzo est mort. Et dans ma tête, ça je le sais, c'est à la fois un monde et une maman qui s'en vont. Le deuxième père d'Astérix s'en est allé. Astérix, c'était un univers incroyable que j'avais découvert très tôt dans 'le Pèlerin' que des copains achetaient et où on lisait ensemble une ou deux pages de la "La Serpe d'or", semaine après semaine, dans le milieu des années 60. Ensuite c'est dans Pilote que je le retrouvais, j'achetais immédiatement l'album nouveau, lors de sa parution, et je les ai toujours collectionnés d'années en années. Mes éditions originales ont été lues et relues par toute la maison, ont été prêtées, abimées, détériorées et perdues, je les ai aussi rachetées pour mes enfants qui en ont fait à leur tour une grande consommation. Bien sûr, il y avait l'humour intelligent de Goscinny mais les dessins d'Uderzo, c'était quelque chose. Quelle virtuosité, quelle élégance, entre Disney et Achille Talon, Uderzo dessinait comme personne les belles gauloises et les vieux roublards, parfois on retrouvait au détour d'une page Sean Connery ou Pierre Tchernia plus vrais que nature et surtout les romains volaient plus vite que leurs sandales. Mais vous connaissez tout ça autant que moi alors pour faire dans le moins connu tout en étant pas si éloigné que ça d'Astérix j'ai pensé que "Oumpah-Pah contre Foie-malade" un vieil album broché de 1967, que j'ai acheté en 1977, serait bien venu pour lui rendre hommage. Oumpah-Pah paraissait dans le journal Tintin entre 1961 et 1962. C'était aussi une série avec René Goscinny et ça ressemblait beaucoup par le dessin et l'humour à Astérix. Ça racontait les aventures d'un indien géant et paisible avec son compagnon perruqué, le chevalier Hubert de la Pâte Feuilletée, un peu Dernier des Mohicans, un peu Blek le roc pour les lieux et l'époque. Foie-malade était un chef indien fourbe de la tribu des Yeux Pochés et avait un petit peu l'allure d'Agecanonix. L'album était court, trente-deux pages et c'était le dernier de la série de cinq volets. Notre monde n'est pas très en forme en ce moment non plus, et c'est un peu plus que le Foie malade. So long Albert...

Dessin d'Uderzo pour Schtroumpf n° 23_1974 - page 36

La tentative Blogger 24

 Petit retour aussi sur l'oreille coupée de Van Gogh vue par Masse dans La tentative Blogger 18. Cette planche isolée attribuée de façon erronée par "Art et innovation dans la bande dessinée européenne" à une publication des Humanoïdes. Elle est aussi reprise en entier et en couleurs dans l'album "L'Art-attentat" du Seuil. Elle fait trois planches et on trouve aussi dans l'album deux autres histoires de trois planches, sans paroles ou presque, qui font référence à la grande histoire de l'art. Ça se passe surtout dans leurs titres : d'après Van Gogh, d'après Cézanne, d'après Rubens.

À l'époque, Masse semblait ébranlé dans sa création par des critiques ou des éditeurs qui lui reprochaient de vomir du texte au kilomètre et on sent qu'il veut prouver à travers sa révision des grand classiques qu'il est capable de raconter des histoires sans texte ou presque. Test qu'à moitié concluant : si l'absurde des situations n'a rien à envier à ses autres histoires, toute la portée subtile et à la fois percutante de ses dialogues fait cruellement défaut. Peu de temps après, Masse abandonnait le petit monde de la BD qui ne le comprenait plus, on y a tous perdu. 

L'art-attentat - Seuil_2007 - page 25 

Art et innovation dans la Bande dessinée européenne_février 1987 - page 255 - D'après Van Gogh / L'art-attentat - Seuil_2007 - page 26

L'art-attentat - Seuil_2007 - page 27

Première version de D'après Van Gogh publiée dans Hara Kiri N°290 en 1985.

L'art-attentat - Seuil_2007 - page 41 - D'après Cézanne

L'art-attentat - Seuil_2007 - page 42 - D'après Cézanne 

L'art-attentat - Seuil_2007 - page 43 - D'après Cézanne

L'art-attentat - Seuil_2007 - page 79 - D'après Rubens

L'art-attentat - Seuil_2007 - page 80 - D'après Rubens

L'art-attentat - Seuil_2007 - page 81 - D'après Rubens

Pour s'en convaincre, petit retour en 1984 dans A Suivre n° 83 de décembre, "Le Miquépithèque", ça fait aussi partie de l'album "Les deux du balcon" chez Casterman ou Glénat. On est au musée des Sciences naturelles et dans la préhistoire de la BD. On y croise même un certain un certain Tintin néoténique. Dans "L'Art-attentat", il y a une vraie fausse page de Tintin. On ne sait pas si celui-là est néoténique ou pas. Dernière minute : Je viens de trouver la planche originale de Masse en vente sur internet, je la mets pour comparer les couleurs de Masse avec celles de Pakito Bolino.

A Suivre 83_décembre 1984 - page 24 - Le Miquépithèque / Les deux du balcon - Casterman_ 1985 - page 34

A Suivre 83_décembre 1984 - page 25 - Le Miquépithèque / Les deux du balcon - Casterman_ 1985 - page 35

A Suivre 83_décembre 1984 - page 26 - Le Miquépithèque / Les deux du balcon - Casterman_ 1985 - page 36

A Suivre 83_décembre 1984 - page 27 - Le Miquépithèque / Les deux du balcon - Casterman_ 1985 - page 37

A Suivre 83_décembre 1984 - page 28 - Le Miquépithèque / Les deux du balcon - Casterman_ 1985 - page 38

L'Art-attentat - Seuil_2007 - page - 82 (couleurs Pakito Bolino) - Planche originale de Masse vendue chez La Bande des cinés, librairie à Paris - crayonnée + encrage + mise en couleurs sur 2 Canson reliés, 38 cm de hauteur. Titre : "Chez les Soviets"