"Mes réalités numériques quasi virtuelles" ou "Mes compulsifs computeurs"
N°3 : Le PC Packard Bell Multimédia.
A l'époque, en 1998, tous les PC étaient gris, pas seulement la nuit comme les chats mais tout le temps. Pour un prof d'Arts Plastiques qui enseignait également le design, il me semble que j'avais un goût esthétique assez étanche à une couleur intermédiaire entre le blanc et le noir, même avec variations. Je désespérais de trouver une machine sympathique lorsque je tombais nez à nez, chez Delta Loisirs, au Centre Bourse, avec un Packard Bell Multimédia d'une architecture différente de tous les autres ordinateurs. Son look me rappelait un peu l'opéra Bastille à Paris. La tour (unité centrale) avait des décrochés et des tons de gris organisés à la manière des gratte-ciels newyorkais mais surtout, l'écran (moniteur) était flanqué de baffles, pour le son, intégrées sur les côtés et l'arrière avec des degrés en arcs de cercle très amphithéâtre. La souris était assortie et le clavier était plus classique. Glissée sous l'écran, s'insérait une base Media Select, couplée à une télécommande échappée de 2001, Odyssée de l'espace. On pouvait monter ou baisser le son, commuter les chaines de la télé, la radio ou le téléphone, lancer la lecture d'un CD, faxer, scanner ou imprimer, surfer sur Internet. Mais le potentiel et la réalité étaient bien différents : nous n'étions pas connectés à Internet qui n'arrivera à la maison que deux ans plus tard et du coup : TV, téléphone, fax n'étaient pas utilisables. Pour les impressions, les Cds ou le son, on avait pris l'habitude de cliquer sur les icônes du bureau à l'écran, en fait, pendant longtemps, tous ces boutons magiques ne nous servaient à rien, ou presque.
Autre élément qui avait été déterminant pour notre achat, le Packard Bell était vendu avec un package de logiciels pour toute la famille : des jeux pour les enfants de tous âges, des dictionnaires et encyclopédies, la suite "Corel Draw" pour le dessin, "Works", "Publisher" et "Money" de chez Microsoft qui deviendront plus tard la suite "Office". Comment résister au Paradis ?
Gonflés à bloc, par notre nouvelle acquisition, nous allions dévorer le monde, l'améliorer et toutes ces sortes de choses. L'occasion se présenta lors d'un projet d'échange "Socrates" avec un lycée italien de Mirano, petite ville voisine de la cité des Doges, il s'intitulait : "Venise et la Provence". On avait décidé de faire un CD-Rom comme clou de nos découvertes mutuelles pour enfin faire rentrer l'Education dans le XXI° siècle, rien de moins. L'Europe nous finançait l'achat d'un logiciel spécifique : "Director" et nous nous sommes mis en quête de formations pouvant nous faciliter les choses. Un stage à l'Ecole de journalisme et plusieurs séances à la Maison Orangina, qui avait Internet, nous ont fait toucher du doigt l'ampleur de la tâche et des problèmes insurmontables de droit des images. Le CD-Rom n'a jamais pu être finalisé. Restent des classeurs et des CD ordinaires pleins d'images et de textes. Sans regret pour cet échec : qui se souvient encore aujourd'hui qu'il a existé, un jour, des CD-Rom et qu'ils sont, de toutes façons, souvent illisibles sur les machines actuelles.
Nous avons découvert véritablement Internet en octobre 2000, lors des Rencontres de l'Orme, au Palais du Pharo. Comme c'était "Numéricâble" qui régalait les postes à disposition des visiteurs, et qu'on avait été emballés, il fut tout naturel de le préférer en tant qu'opérateur pour la maison. Numéricâble, c'était le pionnier pour la Fibre à Marseille, et même si la fibre s'arrêtait au bas de l'immeuble pour se terminer en ADSL dans l'appartement, ça dépotait grave - le monde entier nous arrivait à Mach 3 et je ne m'en suis pas privé. De visites à "Napster" en téléchargements sur "SnowTigers", je remplissais mes disques durs de merveilles cinéphiliques et de musiques introuvables, de comics originaux et de documentation artistique rare pour mes cours. Tout ça pour pas un rond : une utopie que je n'avais même pas envisagé dans mes rêves les plus fous. Bien sûr que cela lésait peut-être un peu les auteurs ou leurs ayants-droits mais je n'étais pas mécontent de malmener en premier lieu les éditeurs et distributeurs qui se taillent toujours la part du lion sur le dos de tout le monde. A n'en pas douter, les Robin des bois du XXI° siècle, ça aurait pu être nous qui partagions nos trouvailles mais la réalité m'a remis les pieds sur terre brutalement. Après deux mails de mise en demeure de retirer immédiatement mes logiciels "torrent" de téléchargements et de cesser tout partage, je me rendais à l'évidence qu'une fois de plus, le XXI° siècle avait très facilement su se passer de mon empreinte.
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Le Packard Bell en 2003, remisé en machine de secours sur le bureau.
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Le Packard Bell en juillet 1999, en machine de jeu pour les enfants. |
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Le Packard Bell en décembre 1998, machine de jeu pour les enfants. |
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Le Packard Bell en décembre 1998, machine de jeu pour les enfants. |