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mercredi 30 juin 2021

Aventure Facebook du 30-06-2021

"Mes transports pas amoureux mais presque" ou "Ces mécaniques que j'ai roulées"

N°2 : La BB TS3 Sport 1970 de Peugeot.

Deuxième et dernière "Mob", donc ! Entre temps, comme les motards de la gendarmerie qui allaient toujours par deux, j'avais rencontré mon binôme en classe de Seconde au Lycée Raymond Naves. C'était Vincent. Lui, il avait acheté une Motobécane Spéciale "Orange" neuve et nous faisions tous les jours ou presque, la route jusqu'au lycée Berthelot et d'autres balades quand l'envie nous en prenait et que nos familles nous y autorisaient. C'était fort agréable d'avoir des machines où les bougies ne perlaient que très rarement et puis à deux, l'un ou l'autre avait toujours son outillage dans la selle ou sur le cadre. 

Je me souviens que l'hiver avait été particulièrement rude à Toulouse, en 1970, et malgré nos machines fiables et nos énormes gants de cuir fourré, les seize kilomètres avec des températures bien au-dessous de zéro, tétanisaient nos doigts très souvent jusqu'à qu'à la deuxième heure de la matinée. Ce n'était pas beaucoup plus agréable les jours de pluie où il fallait composer avec le temps de séchage. 

Et pourtant, nous étions les rois du monde dès que nous étions sur nos montures, et gare aux petits vieux (nos ennemis revendiqués) qui auraient traversé alors que les feux passaient au vert pour nous rue Alsace-Lorraine. On démarrait en faisant rugir nos ridicules petits moteurs et on faisait cabrer sur la roue arrière. C'était difficile et bien plus sportif pour Vincent qui ne tenait son décollage que sur cinquante à soixante centimètres en tirant comme un malade sur le guidon de sa machine trop lourde de l'avant. Pour moi, avec mes vitesses manuelles, c'était limité à une torsion rapide du poignet, je ne faisais pratiquement aucun effort et ne retombais sur mes deux roues que deux ou trois mètres plus loin. Nous étions dans la même classe au lycée et demi-pensionnaires pour s'éviter trop de trajets journaliers. 

On ne quittait pas, tous les deux, on avait un peu les mêmes goûts, les pantalons pattes d'éléphant et les lunettes miroir bien avant de connaître "Easy rider". Pour rester sur une note cinéphilique, nos premiers films ensemble au cinéma furent "Le Messager" de Joseph Losey pourtant primé à Cannes et qu'on avait détesté alors qu'on avait adoré "Mash" de Robert Altman, "La fiancée du pirate" de Nelly Kaplan ou, encore plus sulfureux, le "J'irais cracher sur vos tombes" de Michel Gast, d'après Boris Vian, qui coïncidera curieusement avec la mort de notre auteur-phare, terrassé par la projection de l'adaptation calamiteuse de son œuvre. 

Avec nos engins, pour saluer nos réussites au BAC, nous avons fait un jour une excursion jusqu'à Castres ou nous avons campé dans les chaos granitiques et mangé tant de raviolis froids en conserve que pendant des années la simple vue d'une boite me donnait la nausée. Et puis à la rentrée de septembre 1971, nos machines et nos routes se sont séparées, Vincent est rentré à la Fac au Mirail, à Toulouse, moi je quittais définitivement la Haute-Garonne pour la Fac de Luminy, à Marseille. Nous nous sommes longuement écrits pendant les années qui ont suivi. Je ne sais pas si lui continuait de se servir de sa mob mais la mienne était remisée chez mes parents sur la Côte d'azur. En 1973, je travaillais pendant les vacances chez Onet sur Marseille, je suis allé sortir ma BB de son Bois-dormant pour mes déplacements de laveur de vitres et j'ai eu un accident, un matin, place Sébastopol. Ce qui m'a définitivement convaincu de ne plus utiliser un deux roues pour mes transports usuels. La BB TS3 a été réparée et a regagné son port d'attache dans ma famille. L'histoire de mes amours mécaniques ne se poursuivra dorénavant qu'à quatre roues au moins.









Aventure Facebook du 25-06-2021

 "Mes transports pas amoureux mais presque" ou "Ces mécaniques que j'ai roulées"

N°1 : La BB2 Sport 1958 de Peugeot.

Mon premier cyclomoteur, ma première "mob" avait un nom de star. Eh oui, "Et Dieu créa la femme" de Roger Vadim était sorti en 1956 et ensuite, dans les années 60, tout ce qui voulait s'attirer du public, "faire dans le coup", portait, comme le disait si bien Gainsbourg, les initiales BB. Et donc, même les 49 cc, à pédales obligatoires, au look improbable de mini motos pour "blousons noirs" en herbe.

La mienne était rouge et grise et arrivait d'Algérie où habitait mon grand-père à l'époque, elle datait de quelques années déjà et avait été utilisée par ses belles-filles Miette et Muguette. Je l'ai eu en 1967-1968 mais je pense qu'elle devait avoir été achetée en 1959 ou 1960. Mon grand-père me l'avait offerte parce mon collège était loin de la maison et que je me levais de très bonne heure le matin pour prendre le car, descendre à Bonnefoy et ensuite poursuivre à pied jusqu'à Jolimont.

Cette merveille avait dû chuter quelques fois et n'était pas impeccable mais elle avait des vitesses à main et ça, c'était un atout imparable qui faisait des envieux parmi mes camarades du CEG Marengo. Succès assuré et petit tour du jardin de la Colonne pour mes meilleurs potes sans oublier aussi une certaine angoisse lorsqu'ils ne revenaient pas au bout de trois minutes. Autre malaise pour mon BB, les jours des artificiers amateurs : lorsque mon copain Cauquil lançait, au pied de l'obélisque, ses fusées confectionnées avec des bouts de films nitrate-cellulose dans un tube en papier-journal. Fusées qui partaient hasardeusement à cinquante mètres ou plus en crachant des flammes de cinq mètres de long. Ou d'autres fois encore, les jours des mini bombes artisanales au chlorate de soude et au sucre, si fréquentes que s'en était devenu une sorte d'apéro avant de rentrer en classe.

Mais les trajets, de Toulouse à L'Union et retour, étaient bien longs pour cette petite machine vieillissante et, il m'arrivait quelquefois d'avoir la bougie qui perlait et pas d'outils pour réparer. Essayer de pédaler avec un réservoir entre les cuisses pour propulser un engin de plus de quarante-cinq kilos est une galéjade de fonctionnaire de Préfecture assez déconnecté des réalités du cyclisme, alors je poussais sur des kilomètres mon jouet momentanément cassé jusqu'à la maison. Quand j'étais au collège, cela ne m'était pas arrivé trop souvent mais au bout de quelques années, surtout à partir de la classe de Première que je suivais au Lycée Marcelin Berthelot, de l'autre côté de Toulouse, à plus de seize kilomètres de la maison, c'était beaucoup plus fréquent et de moins en moins supportable. Mes parents ont alors envisagé de lui trouver une machine de remplacement, neuve cette fois. C'était fin 1969 ou début 1970, mon choix s'est porté, comme par hasard, sur une Peugeot BB TS3 Sport avec un guidon moto cross et deux rétroviseurs mais surtout 3 vitesses à main, très proche de ma BB2 mais au look et au palpitant considérablement rajeunis.






A l'extrême droite, Miette et Muguette, les deux premières utilisatrices de ma future BB2 SP Peugeot. Photo prise par mon Grand-père, en juillet ou août 1958 à notre maison de L'Union dans la banlieue toulousaine. Les autres personnages en partant de la gauche : mon père avec mon frère Michel sur le genou, ma sœur Anne-Marie, Lucette la femme de mon grand-père et mère de Miette et Muguette, moi en débardeur, ma sœur Geneviève et Maman à l'arrière.