Les belles BD de l'oncle Jack

mardi 29 octobre 2019

La tentative Blogger 17

Crumb 1992 - Masse 1987

Qu'est-ce qui peut bien rapprocher Masse et Crumb? Plein de choses certainement mais la plus incongrue reste Bécassine, qui ne semble pas être tout à fait leur cousine. Quoi que ?

En novembre 1987, parait dans A Suivre n° 118, une histoire de Masse dans l'esprit de ses deux albums précédents chez Casterman : "Les deux du balcon" et "La mare aux pirates". Elle est titrée "Paralinguisme de placard" et critique les jargons de spécialités aussi différentes que l'informatique, le ménage de maison et le cyclisme. Bécassine apparaît dès la deuxième page dans son rôle habituel de bonne bretonne un peu naïve mais aussi pétrie de bon sens provincial. Elle entend à travers la porte du placard, malgré le bruit de son aspirateur, la logorrhée diarrhéique d'un ordinateur (minitel?), d'une bicyclette et d'un balai.

Les textes dans les bulles changent de typographie selon les interlocuteurs qui ont des dialogues à la Michel Audiard et utilisent volontiers le verlan et l'argot. Et ça se termine, comme toujours chez Masse, par une chute à la fois absurde et une analyse divinement pertinente.

A Suivre 118_novembre 1987 - page 27 - Paralinguisme de placard

A Suivre 118_novembre 1987 - page 28 - Paralinguisme de placard

A Suivre 118_novembre 1987 - page 29 - Paralinguisme de placard

A Suivre 118_novembre 1987 - page 30 - Paralinguisme de placard

A Suivre 118_novembre 1987 - page 31 - Paralinguisme de placard

En 1992, Robert Crumb commence une bande dessinée avec le personnage de Bécassine pour lequel il va réaliser quatre planches et quelques croquis divers avant de l'abandonner. Mais c'est Crumb et malgré le côté prude de la Bécassine de Pinchon, malgré la mise en garde de Crumb sur la première page, on se doute bien dans quelle direction va aller la suite de l'histoire. C'est paru chez nous en 2011, chez Cornélius, dans l'album "Nausea", avec quelques pages de croquis et recherches.

Nausea - Crumb - éditions Cornélius_2011 - page 67

Nausea - Crumb - éditions Cornélius_2011 - page 68

Nausea - Crumb - éditions Cornélius_2011 - page 69

Nausea - Crumb - éditions Cornélius_2011 - page 70

Nausea - Crumb - éditions Cornélius_2011 - page 71

Nausea - Crumb - éditions Cornélius_2011 - page 72

Nausea - Crumb - éditions Cornélius_2011 - page 73

Nausea - Crumb - éditions Cornélius_2011 - page 1

Nausea - Crumb - éditions Cornélius_2011 - page 66

L'année dernière, un film de Bruno Podalydès, sur Bécassine, déclenchait les passions des antis et des pros, taxant le film de tous les reproches qu'on a toujours fait à Bécassine, ceux de dévaloriser les bretons et autres gens du terroir en les montrant sous un jour peu futé. Ce n'était pas dans les intentions du metteur en scène. Pour lui, ce n'était qu'un hommage à ces bandes dessinées d'un lointain passé qui avaient bercé son enfance et sans aucun doute celle de beaucoup d'autres. J'ai vu le film et il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Ce n'est pas le film du siècle mais l'esprit de la bande est bien actualisé et les acteurs tirent honnêtement leur épingle du jeu.

Il y a eu d'autres adaptations de Bécassine au cinéma : une de Pierre Caron, en 1940 et une autre plus récente, en 2001, en dessins animés pour enfants "Bécassine et le trésor viking" par Philippe Vidal.

Affiche du film de Bruno Podalydès © UGC 2018

Matériel promotionnel du film © UGC 2018

Il y a eu aussi depuis quelques années des actualisations du personnage en bande dessinée ou en illustration par des gens plus ou moins talentueux. La plus réussie, à mon avis, est celle de Béja et Corbeyran (un album décliné sous deux formes, toujours chez Gautier-Languereau, l'éditeur historique) et encore en album, un hommage des professionnels de la profession.

La plus sympathique initiative de l'utilisation de Bécassine est celle pour la lutte contre le cancer du sein.

Les vacances de Bécassine par Béja et Corbeyran © Gautier-Languereau

Les vacances de Bécassine par Béja et Corbeyran édition de luxe © Gautier-Languereau

Hommage à Bécassine couverture © Gautier-Languereau

Hommage à Bécassine par Pierre Alary

Hommage à Bécassine par Fabrice Parme

Hommage à Bécassine par Milo Manara

Hommage à Bécassine par Zep

Hommage à Bécassine par Serge Carrere

Hommage à Bécassine par Chantal Thomas

Hommage à Bécassine - Bécassine avec bouche - Catel

couverture originale Les vacances de Bécassine © Gautier-Languereau

Bécassine vainqueur du cancer du sein (parodie de la couverture originale Les vacances de Bécassine)

dimanche 27 octobre 2019

La tentative Blogger 16

"Le message de l'artiste" est le titre employé dans L'encyclopédie de Masse tome 2, de 1982, pour l'histoire qui ouvre le volume. C'était une histoire de six pages, qui était parue précédemment en 1978, dans le journal "BD, l'hebdo de la BD" dans le numéro 38, du vendredi 14 avril. Un vrai journal aux allures de quotidien, très grand format : plus de 30 x 43 cm, 16 pages non agrafées qui était né l'année d'avant, en octobre 1977. Seul support qui rende justice au travail graphique et littéraire de Masse après celui éphémère de Gonocoque en 1973-74.
Étrangement, la réduction au format que l'on sait de L'encyclopédie, ne dévalue pas trop le travail de Masse dans cette histoire.

BD n° 28_14 avril 1978 - 1° de couverture

BD n° 28_14 avril 1978 - page 8 - Il y avait bien longtemps - L'encyclopédie - page 11 - Le message de l'artiste

BD n° 28_14 avril 1978 - page 9 - Il y avait bien longtemps - L'encyclopédie - page 12 - Le message de l'artiste

BD n° 28_14 avril 1978 - page 10 - Il y avait bien longtemps - L'encyclopédie - page 13 - Le message de l'artiste

BD n° 28_14 avril 1978 - page 11 - Il y avait bien longtemps - L'encyclopédie - page 14 - Le message de l'artiste

BD n° 28_14 avril 1978 - page 12 - Il y avait bien longtemps - L'encyclopédie - page 15 - Le message de l'artiste

BD n° 28_14 avril 1978 - page 13 - Il y avait bien longtemps - L'encyclopédie - page 16 - Le message de l'artiste

L'histoire qui clôture ce même volume de L'encyclopédie Tome 2 est du même tonneau si je puis dire. Elle se nomme : "On ne badine pas avec la guerre non plus", sous titrée "Une intrigue en costumes d'époque" comme on le dit au cinéma de certains films qui se passent dans une époque historique précise. Cette histoire là était parue dans Métal Hurlant n° 14 de février 1977, donc approximativement six mois avant "Le message de l'artiste".

Métal Hurlant n°14_février 1977 - page 7 - On ne badine pas avec la guerre non plus - L'Encyclopédie - page 149

Métal Hurlant n°14_février 1977 - page 8 - On ne badine pas avec la guerre non plus - L'Encyclopédie - page 150

Métal Hurlant n°14_février 1977 - page 9 - On ne badine pas avec la guerre non plus - L'Encyclopédie - page 151

Métal Hurlant n°14_février 1977 - page 10 - On ne badine pas avec la guerre non plus - L'Encyclopédie - page 152

Métal Hurlant n°14_février 1977 - page 11 - On ne badine pas avec la guerre non plus - L'Encyclopédie - page 153

Métal Hurlant n°14_février 1977 - page 12 - On ne badine pas avec la guerre non plus - L'Encyclopédie - page 154

Métal Hurlant n°14_février 1977 - page 13 - On ne badine pas avec la guerre non plus - L'Encyclopédie - page 155

Métal Hurlant n°14_février 1977 - page 14 - On ne badine pas avec la guerre non plus - L'Encyclopédie - page 156

Métal Hurlant n°14_février 1977 - page 16 - On ne badine pas avec la guerre non plus - L'Encyclopédie - page 158

Métal Hurlant n°14_février 1977 - page 17 - On ne badine pas avec la guerre non plus - L'Encyclopédie - page 159

L'époque ... elle est vaguement XVIII°-XIX° siècle, par rapport justement aux costumes. 'On ne badine pas avec l'amour' était une pièce d'Alfred de Musset, donc romantique, et qui traitait du mensonge entre amants. Masse reste tout à fait sur cette ligne et 'Le message de l'artiste' et 'On ne badine pas...' nous entraînent dans un univers 'nonsensique' qui se termine par des provocations.
Il dit à mots couverts : "Je commence une histoire à suivre mais je ne vous en livre qu'un seul chapitre, pour "Message de l'artiste" dans BD et l'histoire géopolitique que je viens de vous raconter n'est rien à côté de la réalité, sous entendu vous n'avez rien compris à mon histoire mais n'ayez pas la mauvaise idée de la relire non plus"
Du Masse dans toute sa splendeur, un joyau à l'état brut et tout ça, l'air de rien parce qu'il le replace dans le monde fantastique et cauchemardesque du Goya des "Caprices".
Au n°39 de ce même BD en juin 1978, Masse postait une petite annonce pour des Stages BD dans le Vercors où il s'identifiait lui-même au Goya du Vercors avec ses deux compagnons d'infortune : Soulas, le Bruegel de Gascogne et Nicoulaud, le Toulouse-Lautrec de Bretagne.