"Mes transports pas amoureux mais presque" ou "Ces mécaniques que j'ai roulées"
N°1 : La BB2 Sport 1958 de Peugeot.
Mon premier cyclomoteur, ma première "mob"
avait un nom de star. Eh oui, "Et Dieu créa la femme" de Roger Vadim
était sorti en 1956 et ensuite, dans les années 60, tout ce qui voulait
s'attirer du public, "faire dans le coup", portait, comme le disait
si bien Gainsbourg, les initiales BB. Et donc, même les 49 cc, à pédales
obligatoires, au look improbable de mini motos pour "blousons noirs"
en herbe.
La mienne était rouge et grise et arrivait d'Algérie où
habitait mon grand-père à l'époque, elle datait de quelques années déjà et
avait été utilisée par ses belles-filles Miette et Muguette. Je l'ai eu en 1967-1968
mais je pense qu'elle devait avoir été achetée en 1959 ou 1960. Mon grand-père
me l'avait offerte parce mon collège était loin de la maison et que je me
levais de très bonne heure le matin pour prendre le car, descendre à Bonnefoy
et ensuite poursuivre à pied jusqu'à Jolimont.
Cette merveille avait dû chuter quelques fois et n'était
pas impeccable mais elle avait des vitesses à main et ça, c'était un atout
imparable qui faisait des envieux parmi mes camarades du CEG Marengo. Succès
assuré et petit tour du jardin de la Colonne pour mes meilleurs potes sans
oublier aussi une certaine angoisse lorsqu'ils ne revenaient pas au bout de
trois minutes. Autre malaise pour mon BB, les jours des artificiers amateurs :
lorsque mon copain Cauquil lançait, au pied de l'obélisque, ses fusées
confectionnées avec des bouts de films nitrate-cellulose dans un tube en
papier-journal. Fusées qui partaient hasardeusement à cinquante mètres ou plus en
crachant des flammes de cinq mètres de long. Ou d'autres fois encore, les jours
des mini bombes artisanales au chlorate de soude et au sucre, si fréquentes que
s'en était devenu une sorte d'apéro avant de rentrer en classe.
Mais les trajets, de Toulouse à L'Union et retour,
étaient bien longs pour cette petite machine vieillissante et, il m'arrivait
quelquefois d'avoir la bougie qui perlait et pas d'outils pour réparer. Essayer
de pédaler avec un réservoir entre les cuisses pour propulser un engin de plus
de quarante-cinq kilos est une galéjade de fonctionnaire de Préfecture assez
déconnecté des réalités du cyclisme, alors je poussais sur des kilomètres mon
jouet momentanément cassé jusqu'à la maison. Quand j'étais au collège, cela ne
m'était pas arrivé trop souvent mais au bout de quelques années, surtout à
partir de la classe de Première que je suivais au Lycée Marcelin Berthelot, de
l'autre côté de Toulouse, à plus de seize kilomètres de la maison, c'était
beaucoup plus fréquent et de moins en moins supportable. Mes parents ont alors
envisagé de lui trouver une machine de remplacement, neuve cette fois. C'était
fin 1969 ou début 1970, mon choix s'est porté, comme par hasard, sur une
Peugeot BB TS3 Sport avec un guidon moto cross et deux rétroviseurs mais
surtout 3 vitesses à main, très proche de ma BB2 mais au look et au palpitant considérablement
rajeunis.
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