Les belles BD de l'oncle Jack

dimanche 26 janvier 2020

La tentative Blogger 56

Corben et Poe, c'est une histoire d'amour qui dure depuis un certain temps. En 1975, Creepy, un des trois magazines de BD de la Warren Publishing Company, est traduit et publié en France par Publicness. Publicness était un éditeur parisien spécialisé dans la traduction de magazines américains dont le vaisseau amiral fut "Zoom, le magazine de l'image" revue très chic consacrée surtout à la photographie et qui est célèbre aussi pour ses albums luxueux, grand-formats à l'italienne, de Corto Maltese. Les trois magazines de BD d'horreur de la Warren étaient Vampirella, Eerie et Creepy. Le numéro 25 de Creepy, en France, est un spécial Edgar Allan Poe et à l'intérieur, il n'y a pas moins que trois histoires de Poe adaptées par Richard Corben: "Ombre", "Le Corbeau" et "Le portrait ovale".

Aujourd'hui on se focalise sur "Le Corbeau" qui est en couleurs sur huit pages, le format classique des histoires chez Warren. Le corbeau va être publié en 1975 dans Creepy, mais il va être republié, en 1986, dans un album édité par Albin Michel, lui aussi consacré entièrement à des histoires de Poe adaptées par Corben sous le titre de l'histoire la plus longue, "La chute de la maison Usher" qui venait de paraitre quelques mois plus tôt dans un Echo des Savanes – Spécial USA. Je mets en parallèle les deux versions. Le texte est le même (la traduction de Mallarmé), le lettrage est parfois différent mais surtout le procédé d'impression des couleurs n'est pas le même, ce qui donne des dominantes différentes, du bleu au noir. Les pages Creepy sont sur fond blanc pour conserver le format original mais en réalité l'impression était à bords perdus, la couleur arrivait jusqu'au bords des pages pour une immersion plus complète.

En 2013 et 2014, Delirium, un éditeur d'Angoulême, ressort à son tour des vieilles histoires de Corben du temps de la Warren dans un album en deux tomes "Eerie et Creepy présentent Richard Corben" avec un lettrage restauré. En 2015, Delirium publie un album d'adaptations récentes de Poe par Corben "Esprits des morts et autres récits d'Edgar Allan Poe" dans lequel on retrouve nos anciennes histoires du Creepy n°25 et bien d'autres. Elles ont été entièrement redessinées et redécoupées par Corben au point qu'il ne reste plus rien ou presque de la version 1975. Elles sont plus longues, en général quelques pages de plus mais sont surtout moins psychédéliques.

mercredi 22 janvier 2020

La tentative Blogger 55

Troisième partie de "Civilisation" de Baudoin. Ces deux dernières histoires ont un peu vieillies.

"Armand" raconte l'histoire d'un Christ extra-terrestre, à l'envers, qui finit par déclencher l'apocalypse sur terre, c'est un peu simpliste mais l'époque était comme ça. Le dessin hésite entre plusieurs styles, de la hachure pointilliste aux trames industrielles en passant par les aplats noirs au pinceau. On sent des influences plus ou moins directes comme les Pichard et Andrevon de "La réserve" et "Edouard", en 1974 et on a même une citation directe des argentins Munoz et Sampayo page 24. Baudoin devait être un lecteur attentif de Charlie mensuel, voir en particulier page 28 et 29 et couverture du numéro 106 de novembre 1977.

Quant à "Crise", c'est une fable comme on n'oserait plus en raconter aujourd'hui, dans un style 'New Age'. Il est question des sens et de sexe humanisés, de politique basique et d'extinction de race (ça date de 1979). Le graphisme est mieux maîtrisé avec plus de personnalité et annonce d'une certaine manière "Le Voyage" de 1995, un des plus gros succès de Baudoin où les pensées modèlent la forme même de la tête du personnage principal. Mais qu'on se rassure, depuis Baudoin est devenu un très grand et c'est lui qui influence maintenant nombre de jeunes dessinateurs.

Charlie mensuel n° 106_novembre 1977 - couverture de Munoz & Sampayo
(à regarder en ayant à l'esprit le couple enlacé des pages 28 et 29 de Civilisation)

lundi 20 janvier 2020

La tentative Blogger 54

On revient sur Edmond Baudoin, à ses débuts. Ces fameuses histoires courtes publiées ici et là depuis 1973 et rassemblées dans l'album "Civilisation" en 1981, chez Glénat. Vous en avez vu trois dans les premiers 'post' sur Facebook, en juin 2019 et ici sur Blogger 4. Ces histoires dessinées au Rottring avec leurs faiblesses mais aussi leur poésie où l'humain reste toujours au centre. Je mets quatre d'entre elles sur l'amour et l'art : "Une histoire d'amour", la vie "La vie", la végétation et notre terre "Tout a commencé hier soir" et "Végétation", du grand Baudoin généreux, tendre, sensible comme on l'aime. C'est aussi un peu pessimiste comme la science-fiction de l'époque mais l'espoir est là en arrière-plan.